Yoga Sadhana, et ensuite ?

Publié le par Jean Dupuis

Ce samedi 11 avril de nombreux anciens élèves de Yoga Sadhana ont conflué vers Pierre Chatel, venus de Paris, Strasbourg, Luxembourg, Grenoble ou Genève. Ils répondaient à l'invitation de leur directeur de formation Alain Chevillat qui souhaitait échanger avec eux sur leur vie après la formation. Il leur avait dit : « J'ai envie de savoir comment cela se passe pour vous, après, si la formation a laissé des traces profondes, ou si elle a juste été du bon temps passé ensemble. »

Yoga Sadhana, et ensuite ?

Les témoignages ont été sans ambiguïtés. En voici quelques uns qui les résument, parvenus par la poste, les personnes n'ayant pu nous rejoindre.

« ... Quand je contemple ces dernières années de ma vie, je vois nettement un avant et un après.... rencontre de la revue Terre du Ciel (à l’époque). Après la lecture de quelques pages me donnant l’intuition de rencontrer là une famille de cœur où l’on parle un langage auquel j’aspirais, l’envie de rencontrer les personnes se cachant derrière les mots, ... puis le stage « Retour à l’Unité », « Yoga Sadhana »... et cette immense et précieuse joie de partager avec des frères et sœurs sur le chemin, depuis.
Je me souviens lors de mon premier contact avec toi (août 2003, Pierre Chatel) avoir été un peu intimidée par ton pôle masculin fort, et qu’ensuite, au fils du temps, je me suis émerveillée de te découvrir disponible, chaleureux, attentif à chacun, malgré tes responsabilités. Il y a quelque chose d’axé et solide, incarnant parfaitement le « Simple living, High thinking », qui m’a toujours touchée et inspirée profondément. J’ai le sentiment d’avoir beaucoup reçu toutes ces années Yoga Sadhana, par le génie de tes dispositifs pédagogiques, par ton partage de la tradition de l’Inde clair et structuré, et le fait de m’installer dans le sillage de ton énergie.
A tes élèves dont je suis, tu as fait le cadeau de la shakti : la (re)connaître, la goûter en conscience, donner envie de la partager. Inestimable cadeau !
Merci d’avoir toujours placé la barre haut, et pour votre passion de la justesse et de la beauté avec Evelyne, que je sens en filigrane aussi dans tes « œuvres », dans son énergie atomique à la mesure de sa discrétion.
C’est, bien sûr, aussi un enseignement en soi de vous voir relever tous les défis (et pas les moindres !) de la vie, épouser le courant, et vous rapprocher toujours plus du ciel...
Bref, Alain, s’il n’y avait qu’un mot (non, 2 !) ce serait MERCI pour tant d’AMOUR »
- Marianne

« Je veux te dire à nouveau, Alain, à quel point l'enseignement de yoga sadhana, ta personne et celle de Mira ont changé ma vie. Comme je te l'avais écrit il y a longtemps, je peux dire (en imitant Papa Ramdas) que je suis « née » avec yoga sadhana et que je garde au coeur cette reconnaissance. » - Catherine

« Yoga sadhana avec le désert a infléchi mon chemin personnel en lui donnant la profondeur et la maturité qui me permet de vivre à « hauteur d'Homme » aujourd'hui. » - Michel

« Je pense souvent à toi et je te voue une gratitude sans nom pour tout ce que tu m'as fait découvrir et qui me permet d'être celle que je suis devenue. » - Jocelyne

Un avant, et un après

Par Alain Chevillat

Ce fut un grand bonheur pour moi, de pouvoir vérifier, une fois de plus, que le yoga – compris comme voie spirituelle – avait ce pouvoir de transformer les vies pour le meilleur, et que Cela pouvait se transmettre.

Les difficultés d'une tâche hors normes dans notre société, et les critiques qu'elle suscite parfois, m'avaient récemment un peu ébranlé. L'exigence est grande, et les processus pédagogiques subtils peuvent être incompris, et on se sent bien seul sous un regard public pas toujours bienveillant.

Les partages que nous avons vécus, et les lettres reçues de ceux qui ne pouvaient venir, ont balayé les doutes, et renforcé la détermination et la puissance de l'engagement. Ils ont dégagé le ciel de ses nuages.

Ce que j'ai entendu ce samedi 11 avril était à l'image d'un poème écrit en 1980.
... J'étais assis à une terrasse de café, au petit matin. Le temps était gris et frais.
Mais j'étais en paix, léger, serein. Sans exaltation ni inquiétude. Est alors, monté un sentiment de gratitude pour la vie qui était la mienne, où malgré un travail très intense et une relative pauvreté, j'étais toujours dans la joie, dans l'enthousiasme, avec un sentiment de grande liberté. Et je me suis rappelé mon passé, mes jeunes années. Quelle différence ! La gratitude m'a noué la gorge, et la plume s'est mise à courir sur le papier.

« Comment était-ce, avant ?
C'était avant. C'est si loin. Comment est-il possible que ça ait existé ?
C'était confus, mêlé, enchevêtré ; ça partait dans tous les sens, sans rime ni raison ;
ça avançait et reculait, ça tournait.
Mais au sein de cette chose tournoyante et un peu folle "quelque chose" n'acceptait pas et s'acharnait.
Il prenait une piste et la suivait jusqu'à sa fin logique, jusqu'au bout.
Les plus insensées y sont passées, les plus folles, les plus absurdes, jusqu'au bout,
c'est-à-dire jusqu'au cul de sac. Toujours.
Un avion. Un taxi. Des coïncidences incroyables.
Un vieux car bringuebalant sur une route cahoteuse…
La rencontre.

Baba Muktananda

Baba Muktananda

Et un matin... Une joie inouïe, d'un éclat intenable. Un autre monde.
Mon Dieu, comment est-ce possible ?
Et les doigts, et les bras, et tout l'être se referment pour tenter de conserver ce trésor
qui, doucement, déjà s'éloigne.
Ce n'est pas possible ! Mais qu'ai-je vécu jusque là ?
Les larmes coulent :
« Tu es mon père, Tu es ma mère, Tu es la connaissance et la seule richesse
Tu es tout pour moi, O Dieu de tous les dieux. »

Le monde a basculé.
Les années passent et la vie continue, où rien n'est changé, où TOUT est changé.
Comment était-ce avant ? Je ne sais plus très bien.
Mais maintenant c'est chaque jour, chaque instant, que c'est là.
Une force, une présence, une foi, une ouverture, une intuition, une joie,
une confiance, une harmonie.
C'est présent, c'est chaud, c'est l'amour qui joue dans le coeur.
C'est bon, c'est fort, c'est l'énergie qui passe dans le corps.
C'est simple, c'est clair, c'est la paix qui inonde l'esprit.
C'est la joie qui est là, présente jusque dans les pires situations.
Une joie sans raison, un amour sans objet.
La route semble parfois bien dure, et les forces prêtes à manquer.
Mais la foi est là, l'amour est là, et les obstacles s'évanouissent.
Comment était-ce avant ? Comment ai-je pu vivre avant ?
Je ne sais plus, mais chaque jour monte en moi le même chant :
« A toi qui m'as tout donné qu'ai-je à offrir ô Maitre ?
Accepte mes salutations, Accepte qu'à Tes pieds je m'incline. »


J'ai plaisir à publier ce poème aujourd'hui, car, au soir de ma vie, je me tourne à nouveau en arrière. Qu'ai je fait de la grâce qui m'a été donnée ? Je ne peux que dire et redire, encore, mieux et plus fort, qu'il est une dimension de la vie qui change la vie. Que tout ce dont nous n'avons d'ordinaire que des aperçus fugitifs : la paix, l'amour, la connaissance, la liberté, peut devenir la substance quotidienne de nos vies. Il y a un trésor à découvrir. Et il y a bien, ensuite, un avant et un après. Alors, qu'y a-t-il de plus important que de faire savoir que Cela existe ? C'est le sel de la terre, le sel de la Vie, le fondement du bonheur individuel, et le fondement de la justesse des structures sociétales.

Ce samedi 11 avril, des doutes qui encombraient mon esprit ont été balayés de la plus belle façon, et l'inauguration formelle de A Ciel Ouvert qui suivit, le dimanche, fut la démonstration éclatante qu'une page était tournée, que la Vie était bien là dans sa plus éclatante dimension et que l'avenir nous tendait avidement les bras. Il n'y avait désormais plus qu'à y aller. Le Ciel était ouvert et nous déversait sa grâce ; il était aussi ouvert pour que nous allions le rejoindre.

Alain avec Pierre-Yves Albrecht

Alain avec Pierre-Yves Albrecht

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