« On ne combat pas la laideur en …
… la dénonçant mais en exaltant la beauté. »
Cette phrase de Frère Jean m’est allée droit au cœur quand je l’ai entendue pour la première fois.
La vie est faite d’une succession d’évènements agréables ou désagréables, justes ou injustes, beaux ou laids, que ce soit dans notre vie personnelle ou dans notre entourage. Comment recevoir ces évènements est une première question importante, que faire ensuite en est une seconde. Si je sais assez bien répondre à la première, la seconde m’est beaucoup plus difficile.
L’ancien testament nous dit « Œil pour œil, dent pour dent » en insistant sur la justice ; le nouveau testament nous dit de son côté : « Si on te frappe sur la joue droite, tend la joue gauche » nous poussant vers la compassion. Que choisir ? Combattre le mal ou exalter le bon ?
Gandhi avait répondu à cette question à sa manière : « Il est bon de défendre la justice à condition de ne pas en être le bénéficiaire ». Cela paraît très juste, mais, quand on lit les faits divers des journaux, on voit que cet idéal est très élevé.
La Bhagavad Gita a cette question en son cœur. Le héros doit-il pour défendre le droit, le bien et la justice se lancer dans une guerre qui deviendra un massacre où périront beaucoup des membres de sa propre famille, ou laisser faire, et se retirer en solitude et prière. Dans la réponse que lui donne Krishna, incarnation divine, un nouvel aspect apparaît : cela dépend de qui pose la question, les individus ayant, selon leur nature, des fonctions, et des droits et devoirs différents. Ici, le héros est un guerrier, entièrement éduqué et formé pour défendre le droit et les valeurs du pays. Il lui sera enjoint de combattre, quoiqu’il en advienne. Sa destinée est claire. Je pourrais dire : il a cette chance. Mais si quelqu’un se considère à 50% guerrier et 50% un enseignant, quelle devrait être sa Voie ? Un sage avait, un jour, répondu à un tel homme perplexe : « Choisis la Voie la plus haute, celle de l’enseignant, cela te tirera vers le haut. Comme tu le sais, peu importe le résultat extérieur mais tu sortiras grandi de l’épreuve. Là est l’essentiel. » La phrase de Frère Jean va dans le même sens et me plait pour cela : on ressort grandi de l’épreuve.
Cela rejoint un enseignement central du Yoga : « Ne pas s’appesantir sur ses fautes, défauts, erreurs et petitesses, mais garder à l’esprit sa grandeur, sa perfection essentielle, sa divinité, jusqu’à la devenir pleinement. Un texte célèbre de Shankara nous répète, nous invitant à vivre pleinement cette vérité : « Je suis conscience et amour, je suis l’Absolu, je suis l’Absolu. »
Le monde est la création de Dieu, à son image. La beauté, la grandeur du créateur sont dans Sa création. Voyons cela et exaltons le, nourrissons nous de cette beauté. N’est-ce pas la voie la plus haute quand on n’en a pas une autre qui nous est spécifiquement et clairement destinée ?
Face à tout ce qui se passe dans le monde, événement proche de moi ou lointain, la phrase de Frère Jean m’apparaît comme une merveilleuse ligne de conduite. Puissé-je ne pas l’oublier quand les circonstances se présenteront.
« On ne combat pas la laideur en la dénonçant, mais en exaltant la beauté. »